Apamè, concubine royale

3 Esdras (traduction grecque d’un original araméen de la fin du IIe s. av. J.-C.) a été rajouté dans la dernière édition de la Traduction œcuménique de la Bible. Jusqu'à présent ce livre ne faisait pas partie des bibles protestantes et catholiques. La tradition orthodoxe, quant à elle, avait retenu cet ouvrage. Complémentaire des Chroniques et d’Esdras-Néhémie, il évoque la fin de l’exil à Babylone et le retour à Jérusalem. Il contient l’histoire de trois pages du roi Darius se livrant à un tournoi oratoire, chacun faisant l’éloge de ce qu’il estime être le plus puissant en ce monde : le vin, le roi, les femmes et la vérité.

LA FORCE DES FEMMESConcubine

Le troisième, celui qui, avait parlé des femmes et de la vérité - c'était Zorobabel - prit la parole : « Messires, le roi n'est-il pas grand, les hommes ne sont-ils pas nombreux, et le vin n'est-il pas fort ? Eh bien ! qui est leur maître et qui est leur seigneur ? Ne sont-ce pas les femmes ? Ce sont les femmes qui ont enfanté le roi et tout le peuple qui est seigneur de la mer et de la terre ; c'est d'elles qu'ils sont nés ; ce sont elles qui ont élevé ceux qui plantent les vignes d'où provient le vin ; ce sont elles qui font les vêtements des hommes, elles qui font la gloire des hommes : les hommes ne peuvent exister sans les femmes. Ont-ils amassé de l'or, de l 'argent ou tout autre objet plaisant ? S'ils aperçoivent une seule femme qui soit belle par son physique et par sa-beauté, ils laissent tout et restent bouche bée devant elle, ils la regardent la bouche ouverte. Tous la préfèrent à l'or, à l'argent ou à tout autre objet plaisant. L'homme abandonne son père qui l'a élevé et son pays, et il s 'attache à sa femme. Auprès de sa femme, il s'abandonne et en oublie son père, sa mère et son pays. Par là vous devez reconnaître que les femmes vous dominent. Ne vous donnez-vous pas de la peine, ne vous éreintez-vous pas pour tout donner et tout apporter aux femmes ? L'homme prend son épée, sort par les grands chemins pour voler, pratiquer le brigandage et naviguer sur la mer et les fleuves ; il brave le lion, marche dans les ténèbres et, quand il a volé, dépouillé et détroussé, il rapporte tout à celle qu'il aime. L'homme chérit sa femme plus que son père ou sa mère. Combien, par désespoir, ont perdu la raison à cause des femmes ou sont devenus esclaves à cause d'elles ! Combien ont péri, ont échoué, ont péché à cause des femmes !

Maintenant, ne me croyez-vous pas ? N'est-il pas vrai que le roi jouit d'une grande autorité et que tous les pays se gardent bien de toucher à sa personne ? Je l'observais avec Apamè, la concubine royale, fille de l'illustre Bartakas ; assise à la droite du roi, elle ôtait le diadème de la tête du roi et le plaçait sur la sienne tout en donnant au roi, des tapes de la main gauche. De plus, le roi la regardait, bouche bée ; chaque fois qu'elle lui sourit, il rit et quand elle s'irrite contre lui, il la caresse pour qu'elle se réconcilie avec lui. Messires, quelle n'est pas la force des femmes, puisqu'elles agissent ainsi ! » Alors le roi et les grands se regardèrent les uns les autres.

3 Esdras 4, 13-33
Traduction œcuménique de la Bible