Dalila
Juges 16
Samson aime les femmes. Une nuit passée avec une prostituée en pays ennemi a déjà failli lui coûter la vie (16, 1-3). Après cela, Samson aima une femme, du côté des gorges du Soreq, elle se nommait Dalila. Les tyrans des Philistins montèrent la trouver et lui dirent : "Séduis-le et vois pourquoi sa force est si grande et comment nous pourrions l'emporter sur lui et le lier pour le réduire à l'impuissance; et nous, nous te donnerons chacun onze cents sicles d'argent". Dalila dit à Samson : "Révèle-moi donc pourquoi ta force est si grande et comment tu devrais être lié pour te réduire à l'impuissance". Samson lui dit : "Si on me liait avec sept cordes d'arc fraîches qui n'ont pas été séchées, je deviendrais faible et je serais pareil à n'importe quel homme". Les tyrans des Philistins lui firent apporter sept cordes fraîches qui n'avaient pas été séchées et Dalila le lia avec ses cordes. L'embuscade était en place dans sa chambre et elle lui lança : "Les Philistins sur toi, Samson". Celui-ci rompit les cordes d'arc comme se rompt le cordon d'étoupe lorsqu'il sent le feu. Mais on ne découvrit pas le secret de sa force.
Textes de la TOB, éditions du Cerf La suite du récit biblique ne mentionne plus Dalila.Un jour, on amène Samson au temple de Dagôn pour le montrer aux milliers de personnes rassemblées pour les festivités. Samson, placé entre deux colonnes du temple, s'arcboute contre ces dernières avec une telle force que le temple s'écroule sur l'assemblée. Samson périt dans la catastrophe.
Dalila (D'après Jacqueline Kelen dans "Les femmes de la BIBLE") SAMSON n'a pas de chance avec les femmes ; ou plutôt il parait trouver un malin plaisir à frayer avec des étrangères, ennemies en puissance du peuple d'Israël. Certes, il est séduisant et fort, on dirait un lion avec sa chevelure abondante, jamais coupée, car il est « nazir », voué à Dieu depuis sa naissance. Dès qu'elle le vit, sa mère, jusque-là stérile, l'appela son « petit soleil » et le nom lui resta : Samson. Petit soleil deviendra grand. Mais il lui faudra traverser de nombreuses portes, toutes gardées par des femmes inquiétantes, il lui faudra s'éteindre et sombrer dans la nuit du doute, de la déréliction, pour pouvoir renaître le lendemain, resurgir au printemps... Samson choisit son épouse parmi les filles des Philistins : ses parents ne virent pas cette union d'un bon oeil , mais ne pouvant dissuader Samson ils acceptèrent et festoyèrent sept jours et sept nuits pour les noces. Selon la coutume orientale, Samson proposa une énigme à ses compagnons de table. Les Orientaux aiment les devinettes et les jeux d'esprit, mais s'agacent lorsqu'ils durent trop longtemps. Ne trouvant pas la réponse à l'énigme, ils demandèrent sous la menace à la jeune épousée d'arracher à Samson, en usant de ses charmes, le mot introuvable, et de leur communiquer. Les femmes adorent les secrets, surtout pour les colporter. La jeune mariée parvint à ses fins, et elle connut le mot de l'énigme, qu'elle révéla aux convives. Mais Samson ne fut pas dupe, et pour calmer sa fureur de jeune lion il abattit une trentaine d'hommes, comme ça, dans la vallée, puis il s'éloigna de sa femme perfide. Quelque temps après, calmé, il revint réclamer la part du lion, sa femme, son butin légitime. Or celle-ci avait été cédée à un autre, après le départ de Samson. Le lion ne se contint plus : il se servit de trois cents, renards qu'il équipa de torches enflammées, et les fit courir parmi les champs de blé des Philistins... Tout cela à cause d'une femme qui n'avait pas de parole. Les Philistins supprimèrent la cause de cette vengeance, ils tuèrent au plus vite la jeune mariée et sa famille. Mais le lion ne décolérait pas. Il ravageait tout ce qu'il pouvait, se servant de ses bras puissants, de ses dents, ou d'une mâchoire d'âne; mais la force, en fait, venait de ce Dieu tout-puissant auquel sa mère l'avait consacré, la force venait d'en haut, posée sur sa tête comme une couronne de lumière, comme une chevelure flamboyante... Samson aimait toujours les femmes un peu suspectes. Après l'échec de son mariage, il alla chez une prostituée, où on chercha à le saisir, mais, s'étant échappé, il s'éprit d'une femme de Soreq nommée Dalila : il venait de rencontrer sa mort. Les Philistins continuaient de pister ce Petit Soleil dont la force allait grandissant. Pour connaître le secret de son être, de sa puissance, ils s'adressèrent à Dalila, chez qui Samson demeurait, enamouré, mais point faiblard comme Hercule aux pieds d'Omphale. Ils proposèrent à la belle de Soreq une forte somme d'argent en échange du mot de l'énigme...
C'est en amante qu'elle s'adressa ce soir-là, après trois tentatives infructueuses, à Samson le bel homme : « Si tu m'aimais vraiment, tu me dirais tout... » Subtil chantage, mais désir bien humain, car aimer quelqu'un c'est sans doute vouloir partager son secret. L'amant coeur-de-lion ne résista pas à pareil argument : il avoua que Dalila avait un rival de taille, qui n'était autre que Yahvé, Dieu d'Israël; c'est Lui qui donnait à Samson sa force, une force manifestée dans les sept tresses de sa chevelure jamais rasée.. Dalila sourit et convoqua en douce les Philistins ; et puis, le soir, elle sut le caresser et l'envoûter de son corps chaud. Le grand malheur de l'homme est de dormir après l'amour : Dalila, plutôt éveillée, fit signe a un homme de raser la crinière de l'homme endormi. Lorsqu'il se réveilla, Samson était prisonnier des Philistins, vendu par la doucereuse Dalila. On lui creva les yeux, on le couvrit de chaînes, et on le jeta dans un culde-basse-fosse. Il avait perdu la force et la lumière, Yahvé s'était retiré. Dans la prison, on l'utilisa comme une bête de somme : il remplaça l'âne, et tourna la meule dans le noir. Une besogne absurde, à devenir fou. jusqu'au jour où Samson comprit que tourner en rond signifiait aussi un éternel retour, une proche renaissance. De fait, à chaque tour de roue, ses cheveux repoussaient, ainsi que le soleil décroit, s'éloigne pendant l'hiver, la saison aveugle, pour s'accroître en été. Ses cheveux repoussaient, à nouveau Yahvé posait Sa main sur lui... Le jour vint du sacrifice à Dagon, le dieu des Philistins. Une grande fête était donnée à cette occasion, et on alla chercher Samson en sa prison, pour servir d'amusement au peuple. Samson demanda seulement qu'on le plaçât entre les deux colonnes principales du temple de Dagôn. Samson, alors, se souvint de Yahvé et Le pria, et au même instant Yahvé se souvint de Samson et l'aida. Le héros aveugle étreignit si fort les deux colonnes, qu'il battit tous ses records : après les trente hommes de la vallée, les trois cents renards enflammés, ce furent trois mille hommes et femmes, massés sur le toit du temple, qui périrent ce jour-là, sans compter les prêtres et les dignitaires à l'intérieur du temple, et lui-même, Samson, écrase avec ses ennemis. Sans doute Dalila fut-elle du nombre des victimes. Partager le secret d'un être, c'est aussi partager sa mort. |
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